lundi 31 mars 2008

KATHMANDU : LES MILLE ET UNE NUITS


Notre arrivee au Nepal fut un enchantement. A peine passee la frontiere, nous avons su qu'on se sentirait bien ici : il fait chaud, les paysages nous font penser au Laos et surtout, tout le monde (ou presque) parle anglais... Nous allions enfin pouvoir sortir de notre isolement, ce qui ne nous etait pas arrive depuis pres de 3 mois !
Kathmandu est une de nos villes preferree parmi tout le continent asiatique : on se croirait dans un conte des Mille et Une Nuits tant la vieille ville semble receler de mysteres a chaque coin de rues. Les fenetres sont sculptees a l'oriental, il y a des statues hindoues cachees sous les marchandises, le soir, on s'eclaire a la lumiere des bougies pour pallier aux quotidiennes coupures d'electricite... Et puis il y a un monde fou qui s'y balade ; les femmes qui sont parrees de leurs saris flamboyants disparaissent au detour des ruelles etroites, elles empruntent de petits passages, nous les suivons... elles debouchent dans d'immenses cours ou les gamins jouent au badminton tandis que les voisins discutent autour d'un puits ou d'un petit hotel.

Pour resumer, disons que tous les cliches que nous pouvons avoir sur l'Inde sont finalement rassembles ici (et pas en Inde !).

Nous avons passe quelques jours dans Kathmandu et sa vallee, le temps de prendre nos marques pour comprendre ce petit pays coince entre deux geants : la Chine et l'Inde.
En discutant avec des nepalais, nous nous sommes rendus compte que la situation politique etait explosive. Il faut dire que nous avons affaire a un pays en pleine mutation, qui est en train de construire sa democratie. Son histoire recente est hallucinante, digne la aussi de figurer dans un des chapitre des Mille et Une Nuits :
En 2001, le Nepal etait encore un royaume (monarchie constitutionnelle). Le jeune prince heritier Dipendra voulait epouser une belle aristocrate, Devyani Rana, mais le roi Birendra et la reine Aishwarya s'y opposerent fermement, menacant de retirer son titre au jeune heritier. Un soir d'ete, lors d'une fete de famille, le jeune prince, pris d'un coup de folie, assassina les 9 membres de sa famille puis retourna l'arme contre lui. La population nepalaise fut sous le choc : 13 jours de deuil national furent declares, des sanctuaires ont ete installes un peu partout dans les rues de Kathmandu pour que le peuple puisse prier les defunts souverains et les barbiers ont rase des milliers de cranes, signe de deuil dans la tradition hindoue.
Mais peu a peu, les nepalais ont commencer a douter de cette version des faits : et si Gyanendra, le frere du prince heritier, qui n'etait pas a Kathmandu mais a Pokhara la nuit du drame, et qui fut immediatement proclame nouveau roi du Nepal, avait fait assassiner toute sa famille pour acceder au poste supreme ? Pour tous les nepalais avec lesquels nous avons discute, c'est sans equivoque : Gyanendra est un assassin qui n'a aucune legitimite a s'assoir sur le trone nepalais.
L'histoire, biensur, ne s'arrete pas la. Alors que Birendra, le defunt monarque, avait tente d'ouvrir son pays vers la voie de la democratie en organisant des elections, permettant ainsi la constitution d'un gouvernement en parallèle du regne monarchique, le nouveau roi Gyanendra dissout ce gouvernement et s'octroie les pleins pouvoirs en 2005. En 2006, apres des manifestations massives dans les rues de Kathmandu et la mort de 16 personnes, le roi fut contraint de retablir la democratie parlementaire. Un mois plus tard, le Parlement a prive le souverain de la quasi-totalite de ses pouvoirs, Gyanendra n'ayant plus qu'un rôle honorifique.

Voilà la situation dans laquelle nous nous trouvons : aujourd'hui, un gouvernement provisoire dirige le pays. Le 11 avril prochain, les nepalais sont appeles aux urnes pour élire leurs deputes qui devront reflechir a une nouvelle constitution. On ne peut que s'attendre a une flambee de violence dans tout le pays a l'annonce des resultats, d'autant que le parti maoiste, pourtant minoritaire en intention de vote, compte bien prendre sa part du gateau.
Les nepalais discutent avec beaucoup de ferveur de la situation politique de leurs pays avec tous les etrangers qu'ils croisent. On les sent completement exaltes par la mutation de leur pays... ce qui laisse presager le pire pour les semaines a venir... Un mal pour un bien ?

En parallele, l'Inde tente de s'immiscer de plus en plus dans l'avenir du Nepal, l'enjeu etant de profiter librement de la route commerciale Inde-Chine. Certaines regions nepalaises commencent a demander leur autonomie... et puis aujourd'hui, le Tibet grogne... Cette region bouge donc serieusement en ce moment.

Si vous voulez en savoir plus, nous serons ravis de vous faire un petit topo.

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