lundi 24 décembre 2007

CHINE : UNE ARRIVEE DANS LE VIF DU SUJET

Le passage de la frontière de Lao Cai-Hekou fut d'une facilité déconcertante. Nous avons même eu droit à un questionnaire de satisfaction à la fin coté chinois. Une fois à Hekou, que de bonnes âmes pour nous donner un coup de main, sans nous demander d'argent. C'est ensuite que les événements ont commencé à s'intensifier...

Nous avons pris un bus reliant Hekou à Kunming (11h de trajet en principe). Avant même que le bus ne démarre, première scène symbolique d'une Chine en pleine mutation : une jeune fille, assise à coté de nous, un peu fashion victim, était en train de faire une fugue... Son père, apparemment paysan (nous dirons que c'était un bouseux pour grossir un peu le trait) a dû la sortir de force du bus dans les cris et les larmes... Et Vlan le confucianisme ; ici, les jeunes se rebellent. Elle avait sans doute envie de vivre sa vie de jeune ado dans la moderne capitale provinciale ! On ne peut pas rester insensible à une telle scène.

Autre drame : les bus en Chine sont neufs et ont des moteurs puissants. Les chauffeurs ne sont pas encore habitués à aller aussi vite et ne maîtrisent pas toujours leurs véhicules. Ca n'a pas loupé : dans une ligne droite, le bus a renversé une paysanne (elle s'attendait à avoir le temps de traverser la route, elle n'a même pas couru... quant au chauffeur, il ne s'attendait probablement pas avoir une distance de freinage aussi longue). Le choc fut terrible : la paysanne a été projetée dans le fossé après que sa tête ait cognée contre le pare-brise (le bruit du choc est inoubliable). Nous n'avons pu respirer qu'au bout d'un quart d'heure, quand elle a réussi péniblement à bouger un bras : elle a donc survécu.

Cet épisode nous servira-t-il à illustrer cette Chine lancée à pleine vitesse vers le progrès technique, au point de laisser les paysans dans le ravin ?

LE VIETNAM SI CA VOUS TENTE...

BIEN POUR…

La diversité des régions, la beauté des paysages, le poids d'une histoire récente, les bizarreries du communisme, la générosité et la bienveillance des vietnamiens. Nous avons été conquis : au départ, on avait décidé de ne rester que 15 jours voire 3 semaines, on y est reste finalement 1 mois et demi.

PAR CONTRE...

Il y a un vrai problème de communication parce qu'il y a peu de vietnamiens qui parlent anglais (il y a encore 20 ans un vietnamien pouvait se retrouver en prison pour avoir parlé avec un occidental!) et le vietnamien est une langue difficile. Du coup, les touristes se jettent sur les agences de voyage où il se passe un paquet d'arnaques : quand on n'y met pas le prix, le tourisme n'est qu'un business et les touristes des marchandises. En conséquence, beaucoup de gens se disent très déçus par les vietnamiens. En réalité, dès que l'on parvient à sortir des circuits touristiques (il faut alors s'armer de patience parce qu'on met beaucoup de temps à avoir une info) on se rend compte à quel point les vietnamiens sont des gens généreux et qui ne demandent qu'à entrer en contact avec nous. On sent que c'est un pays qui a été frustré par une politique de fermeture qui a duré des années et c'est très touchant de les voir s'ouvrir avec tant de générosité.

ADMINISTRATIF

Visa obligatoire, valable un mois si vous les prenez en France (visa type C1 pour le tourisme) extensible sur place un peu partout (1 mois) ; 2 semaines depuis l'Indonesie (c'est alors un visa de tourisme de type D) non extensible sur place : il faut alors en refaire un à Hanoi si vous voulez rester plus longtemps (30 $).

Si vous dépassez la durée de votre visa, vous devrez dépenser 5$ de pénalité par jour.

Vous ne pouvez pas (encore) obtenir le visa à la frontière.

Régime politique : le Vietnam reste toujours une dictature communiste, mais l'économie est ultra-libérale. Dans le Lonely Planet, j'ai lu que « l'un des grands paradoxes de la révolution vietnamienne est qu'elle a tenté à tout prix d'imposer un système communiste à un peuple qui possède à l'évidence un sens inné des affaires, quitte à travailler jour et nuit. Pour les vietnamiens, le travail et le commerce représentent toute leur vie ». Je pense que c'est fondamentalement vrai.

Les vietnamiens vouent un véritable culte à Ho Chi Minh, son corps embaumé repose dans un mausolée à Hanoi et il y a tous les jours de longues files de vietnamiens qui viennent le voir (sauf quand son corps se refait une beauté en Russie aux côtés de Lénine, 3 mois par an!). Cependant, je pense qu'il est plus adulé en tant que nationaliste libérateur du pays qu'en tant que communiste (ceci n'engage que moi). Enfin, la politique de collectivisation des richesses enclenchées au début de l'indépendance a surtout permis de récupérer les biens des chinois et de les virer du pays. Cette économie a été ensuite rapidement abandonnée pour la liberté d'entreprise.

Economie : Le Vietnam fait partie des « Tigres asiatiques » et affiche une croissance a plus de 8% par an. On sent que c'est un pays qui économiquement se porte bien, avec peut être le même sentiment d'insouciance que la France a pu connaître pendant les Trente Glorieuses. Bref, ici les gens se marrent.

Cependant, il y a encore de grands écarts dans les niveaux de vie : les minorités de Nord ont longtemps été laissées de coté (le gouvernement s'occupe d'eux depuis que les touristes sont arrivés en masse dans la région) et les villages n'ont l'électricité que depuis quelques années seulement. C'est une région pauvre qui est parfois à la limite de la misère.

SANTE

v Vaccin : Il paraît que le vaccin contre la fièvre jaune est obligatoire ... On ne nous a jamais demandé de présenter notre carnet de vaccination international...

Paludisme : pas dans les villes

CLIMAT

Y'a plus d'saison ma bonne dame ! Ca devient compliqué de faire cette rubrique tant les saisons sont décalées de nos jours. Mi-novembre est censé être la fin des moussons dans le sud; dans le centre, c'est censé être la fin de la période des typhons et des inondations (je ne vais pas revenir sur notre épisode épique à Hoi An) ; A Hanoi, il fait un temps de rêve en décembre (comme un mois de septembre ensoleillé à Paris) ; Dans le nord, il fait sec (les rizières ne sont pas cultivées) et froid en altitude (10 degrés avec pas mal de brume).

MONEY MONEY MONEY

Monnaie : Dong (VND)

Taux de change : 1E = 23 000 dongs.

En fait, le dong est évalué en fonction du dollar (1$ = 16 000 VND) et comme le dollar s'effondre en ce moment (1$ = 1,44 E aux dernières nouvelles), ça nous a été carrément profitable. Dans les villes, on peut payer indifféremment en dollars ou en dongs (par contre, c'est très compliqué de changer des dongs en dollars)

Logements : le Vietnam, fermé pendant des années au tourisme, a sauté quelques étapes dans l'aménagement des hôtels. Partout, on trouve de l'eau chaude, la clim, la télé (avec satellite) et même des frigos. Ca, ce sont les chambres de base. Du coup, les logements sont plus chers que dans les autres pays d'Asie du Sud Est : 15$ dans les grandes villes, 5$ à Ninh Binh, 10$ dans le nord en moyenne... ça plombe un peu le budget. Nous, nous pouvons affirmer que nous nous sommes embourgeoisés ici (ça craint quand même en terre communiste!). Retourner dans un hôtel où il n'y a pas d'eau chaude va maintenant devenir un vrai défi.

Repas : on peut manger pour tous les budgets : 10 000 dongs sur les marchés (et c'est délicieux et nous n'avons jamais été malades) et 100 000 dong (voir plus) dans les restos des grandes villes.

Ici, tout est exquis (et pas pimenté du tout)

TRANSPORTS

Nous avons opté pour ne jamais prendre le bus (trop de kamikazes) mais plutôt le train, qui revient à peut prêt au même prix. Les gens que nous avons croisés se souviennent avec douleur de leurs trajets de bus !

Le train, confortables avec les soap seats, démentiels avec les sièges en bois, sont très lents : 40 km/h en moyenne. Il y a une ligne qui traverse le pays du nord au sud.

Il y a quelques années, les touristes payaient les trajets 4 fois plus cher que les vietnamiens. Ce n'est plus le cas (volonté d'ouverture).

La moto : 5 à 10 $ par jour. Rien de tel pour se sentir libres. Personne ne nous a jamais demandé nos permis et nous n'avons jamais eu les papiers des véhicules.

Par contre, les touristes ne sont pas autorisés à conduire des voitures.

L'avion : on l'a testé pour aller en urgence de Danang à Ha Noi : c'est pas très cher (60E, donc plus qu'en Indonésie quand même), les avions de la Vietnam Airlines sont immenses et remplis même pas au quart. Je me demande si les pilotes n'étaient pas avant dans l'armée de l'air... disons que ce sont un peu des bourrins du manche.

NIGHT LIFE

Bon, je me rends bien compte que cette rubrique n'a aucun intérêt quand il s'agit de l'Asie.

Les soirées : rien à part à HCMC (et encore, les grands fêtards vont se coucher à 23h)

Bières : grande quantité de choix, à partir de 7 000 dongs, voir 1 000 dong le verre de BIA HOI (bière en pression à Hanoi)

CA VA MIEUX EN L'DISANT : LANGUE

Sujet épineux... Peu de gens parlent anglais (à part la jeune génération qui adore ça et les guides touristiques).

Le vietnamien est une langue tonale (6 tons)... Du coup, même quand on fait l'effort de prononcer au mieux les mots, personne ne comprend... c'est plus que rageant ! « ma » par exemple, selon le ton qu'on y met (neutre, ascendant, descendant, aigue, ascendant-descendant etc...) veut dire « fantôme », « mère », « qui », « plant de riz », « tombe » ou « cheval ». Voyez le délire !

On prononce 10 fois la même chose et quand on a de la chance, la personne finit par répéter avec une nuance imperceptible pour nous si elle a compris. Pourtant il y a un vrai désir de communication, on l'a senti plein de fois... c'est juste que ça ne marche pas.

Pour le Nord, on a carrément lâché l'affaire : Les minorités parlent des dialectes locaux et même le vietnamien est différent entre le nord et le sud.

Bon, on a quand même réussi à se faire comprendre avec ces quelques mots (je vous le fais en phonétique). Les vietnamiens apprécient vraiment quand on fait l'effort de les prononcer.

Bonjour : Sin-tchao (avec un «ciao» à l'italienne, on le miaule presque)

Au revoir : Tam biet

Merci (beaucoup) : Kam eun (niou)

Pardon (s'il vous plait) : seun leui

Combien ça coute : bao niou

Comment tu t'appelles : ten la zi

Français : fap (que curieusement les vietnamiens répètent toujours 3 fois)

et enfin...

Comment ca va ? : Ko kouer kom (mais celui la personne ne l'a jamais compris)

TECHNIQUE

Internet : partout même dans le Nord (un peu moins rapide)

WIFI : dans les grandes villes

Gravage de CD dans les grandes villes

Prises électriques : comme en France

Courrier : un expatrié nous a dit que les lettres qu'il avait envoyées en Europe en Novembre étaient arrivées en Avril.

Envoi de colis : pas cher, 17$ pour le 1er kilo puis 1,39$ par kilo (maintenant, j'espère juste que ça va arriver parce que côté shopping, je me suis bien embourgeoisée aussi).





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LE TRIP ULTIME : 1 865 KM DANS LE NORD DU VIETNAM EN MOTO

Un voyage dans le nord du Vietnam est un trip ultime, parce que c'est une région qui commence tout juste à s'ouvrir au tourisme. Du coup, le terrain n'est pas du tout balisé, peu de gens parlent anglais et on arrive souvent dans des coins où les gens ont rarement vu des occidentaux. Bref, on a le sentiment héroïque d'être des pionniers.

Le nord du Vietnam est une région qui a longtemps été complètement laissée à l'abandon par le gouvernement, le niveau de développement est donc totalement différent. La plupart des gens qui y résident vivent du travail de la terre ou de l'artisanat. Ils se regroupent en «ethnies» et se différencient les uns des autres par une culture, une langue et des vêtements qui reflètent leur histoire.

Bon, autant le dire tout de suite, je n'aime pas le terme d'«ethnie». Quand on saura parler de l'ethnie corse, de l'ethnie bretonne ou de l'ethnie parisienne, c'est que ce terme aura perdu sa connotation péjorative. Je pense que vous serez tous d'accord avec moi là-dessus. Peut-on pour autant parler de «peuple»? «Peuple» impliquerait une relation d'égalité à tous les niveaux, ce qui serait une vision bien naïve de la situation : le gouvernement a à peine commencé une politique d'aménagement du territoire (depuis que les voyageurs osent s'aventurer dans la région, c'est-à-dire depuis que des étrangers portent un regard) : les villages ont l'électricité depuis quelques années seulement et les routes bitumées en sont à leurs prémices. Bref, avec une telle différence de niveau de vie, je pense que le terme le plus approprié est «minorité». Ce n'est pas que je veuille faire du politiquement correct, mais je pense que dans ce domaine plus que dans tout autre, les mots ont un sens.

Alors, ces minorités, parlons-en. Il nous a été quasiment impossible de communiquer avec elles autrement que par des gestes ou des sourires, à cause de cette foutue barrière linguistique. Par contre, nous avons pu admirer les parures des femmes qui descendaient les routes à pied pour se rendre aux marchés. Nous avons ainsi croisé des Thaïs blancs, des Thaïs noirs, des Thays, des Daos, des Hmongs noirs, verts, rouges, fleurs etc...

Chaque minorité assume avec fierté son héritage culturel en affichant sa différence de style. Les femmes Muong, qui ont des immenses rastas (qu'elles parviennent à remonter pour en faire des coiffes) et des tenues d'une excentricité à faire pâlir Jean-Paul Gaultier sont définitivement celles qui m'ont le plus impressionnées (n'ayons pas peur des mots, j'étais carrément béate !). Il se dégage d'eux une sorte de liberté revendiquée à la limite de l'insolence (liberté insolente, vous voyez le concept ?)

Nous aurions vraiment aimé pouvoir en savoir plus sur leur culture, leur philosophie, leurs légendes, mais sans interprète c'est impossible... Dommage !

Mais il n'y a pas que les styles de vie qui soient à couper le souffle dans le nord, il y a aussi les paysages sublimes, dont on ne peut pas se lasser, même sur 1 865 km parce qu'ils sont sans cesse différents et surprenants. Et puis avec les casques intégraux des motos, on voit tout défiler en 16/9 !

Bon, un trip pareil, ça n'a tellement rien à voir avec ce qu'on connait, que c'est aussi un trip difficile, avec de vrais chocs culturels. Parfois, on a juste envie de simplicité, de retrouver nos points de repères, mais ce n'est pas possible. Du coup, il faut se battre avec nous mêmes, continuer à rester curieux, être ouverts le plus souvent possible aux nouveautés, ne pas se braquer et profiter, quitte à tout se prendre dans la gueule et faire le tri après. Et puis après tout, si tout était toujours facile et prévisible, il n'y aurait pas de surprises (bonnes ou mauvaises)... On n'avance pas si on est toujours conforté dans ses idées. (T'as vu M'man comme j'ai grandi !)

Au rang des chocs culturels plutôt lourds (ELOIGNEZ LES ENFANTS DE CET ECRAN AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD) il y a le fait que les minorités mangent du chien (« thit cho » sur les pancartes des restos)... et pas qu'un peu. Combien de fois avons-nous vu dans les marchés des chiens entiers, du museau au bout de la queue, gisant sur les étalages, les yeux ouverts et les crocs en avant. Ou encore cet espèce de barbare qui faisait cuire un chien au chalumeau devant son restaurant (en nous adressant un aimable « Hello »), ou encore cette tête de vache décapitée, le haut du crane défoncé (pour prendre sa cervelle?), ou cette famille qui n'a rien trouvé de mieux que de découper un bœuf entier sur la route quand nous passions en moto (j'ai détourné les yeux après avoir vu la tête décapitée de dos au milieu de la route). Bref, de quoi vous faire devenir végétarien (pas seulement parce que ces scènes m'ont dégouttées, mais aussi parce que ça m'a fait m'interroger sur les abattoirs industriels en Europe ou aux USA qui sont tout autant à gerber).

Bref, le nord est une expérience unique et probablement enrichissante (nous n'avons pas encore assez de recul pour faire le tri).