dimanche 24 février 2008

GROS COUP DE FLEMME A LIJIANG

Lijiang, classée au patrimoine mondial, est une des villes les plus touristiques du Yunnan. Elle est fameuse parce que les Naxis, minorité locale, y ont construit une architecture particulière : des maisons en bois et en pierre dans un dédale de petites ruelles, entourées par quelques canaux limpides. Quand nous sommes arrivés, nous étions baigné par l'authenticité du Sichuan tibétain... Lijiang nous a semblé n'être rien de plus qu'un site touristique grossier qui n'avait plus d'âme : des magasins à touristes partout, des restos à tous les coins de rue, des groupes de riches chinois en train de se faire prendre en photo dans les allées les plus typiques... Bref, à peine avions nous mis un pied dans la ville que nous décidions de lever le camps au bout d'un jour ou deux. Et puis on s'est rendu compte que malgré l'altitude, il ne faisait pas si froid que ça, même en soirée. Et puis nous avons rencontré Eric et Françoise qui nous ont fait découvrir la ville autrement, en allant manger dans de petits restos connus seulement des habitués de Lijiang. On a ainsi pu sortir un peu des circuits touristiques pour découvrir ce qu'il reste d'authentique... Et puis surtout, on a trouvé une chambre dans une guesthouse où on s'est senti comme à la maison : un lit double (c'est rare en Chine), plein de fenêtres, une vue imprenable sur les toitures à encorbellement, une grande lucarne, de la moquette, une salle de bain clean avec de l'eau vraiment chaude ; bref, le genre d'endroit d'où il est difficile de décoller après le bon nombre d'hôtels sans charme et un peu crados que nous avions connus ces dernières semaines.

Alors en somme, nous n'avons pas foutu grand chose à Lijiang (et je ne suis toujours pas persuadée que ce soit une ville qui mérite qu'on y reste longtemps... il y a des villes plus intéressantes dans lesquelles nous sommes restés moins de temps) mais bon, à ce moment là, une fois que nous avons relâché un peu notre rythme frénétique, il nous a paru insurmontable d'enchainer sur un autre endroit. En gros, on avait la flemme. Alors voilà, on a vécu une petite vie tranquille : la journée, on montait les vidéos du Vietnam et du Sichuan (mine de rien, ça nous a pris un temps monstre) le soir, on sortait avec nos amis dans des restos sans prétention, le lendemain matin, grasse mat', puis montage vidéo et ainsi de suite pendant une dizaine de jours. Nous avons fêté tous ensemble mon anniversaire autour d'un plat d'aubergines en discutant spiritualité (j'ai même eu droit à des cadeaux figurez-vous !). On s'est détendu quoi !

Lijiang est aussi une bonne occasion pour vous parler du tourisme de masse à la chinoise. Depuis que la Chine affiche des taux de croissance record, les chinois les plus aisés commencent à avoir envie de partir à la découverte de leur pays. Mais ils ne se risquent pas à partir à l'aventure : ils préfèrent arriver par cars entiers, suivre leur guide, se ruer sur les sites retapés (à mort!) les plus caractéristiques de la région, se faire prendre en photo pour bien prouver à leur retour qu'ils y étaient (« la photo comme trophée »), passer des heures dans les magasins de souvenirs ; puis ils repartent, ravis de leur expérience, dans leurs monstrueux autocars. Voilà ! Le gros côté positif pour nous, c'est que cette énoooorme masse ne se concentre que dans quelques endroits bien définis et que du coup, ben, nous avons tout le reste pour nous tous seuls !

Encore un dernier mot sur Lijiang : dans les derniers jours de notre séjour, les « inspecteurs » de l'UNESCO sont venus, comme prévu, pour vérifier si l'évolution de Lijiang correspondait bien à leur cahier des charges. La veille de leur arrivée, on a vu toute la ville s'affairer comme jamais : nettoyage des gouttières, raclage des sols, colmatage des pavés, intrusion de fleurs dans les endroits stratégiques... et surtout, fermeture de tous les lieux qui n'ont pas de licence et qui ne sont donc pas autorisés à ouvrir, soit les 2/3 des magasins ainsi que la moitié des restos et des guesthouses (dont la notre d'ailleurs qui a pris soin d'enlever ses panneaux publicitaires devant son entrée). Ils ont même été jusqu'à mettre des grand-mères naxis en costumes traditionnels sur la grand place pour leur faire chanter des chansons d'hantant (je peux vous jurer qu'on n’avait jamais vu ça depuis notre arrivée !) Malgré tout, dès le 1er jour de l'inspection, le verdict de l'UNESCO fut sans appel : deux cartons jaunes, un pour « ville trop mercantile », le second pour le trop plein de magasins !