lundi 24 décembre 2007

LE TRIP ULTIME : 1 865 KM DANS LE NORD DU VIETNAM EN MOTO

Un voyage dans le nord du Vietnam est un trip ultime, parce que c'est une région qui commence tout juste à s'ouvrir au tourisme. Du coup, le terrain n'est pas du tout balisé, peu de gens parlent anglais et on arrive souvent dans des coins où les gens ont rarement vu des occidentaux. Bref, on a le sentiment héroïque d'être des pionniers.

Le nord du Vietnam est une région qui a longtemps été complètement laissée à l'abandon par le gouvernement, le niveau de développement est donc totalement différent. La plupart des gens qui y résident vivent du travail de la terre ou de l'artisanat. Ils se regroupent en «ethnies» et se différencient les uns des autres par une culture, une langue et des vêtements qui reflètent leur histoire.

Bon, autant le dire tout de suite, je n'aime pas le terme d'«ethnie». Quand on saura parler de l'ethnie corse, de l'ethnie bretonne ou de l'ethnie parisienne, c'est que ce terme aura perdu sa connotation péjorative. Je pense que vous serez tous d'accord avec moi là-dessus. Peut-on pour autant parler de «peuple»? «Peuple» impliquerait une relation d'égalité à tous les niveaux, ce qui serait une vision bien naïve de la situation : le gouvernement a à peine commencé une politique d'aménagement du territoire (depuis que les voyageurs osent s'aventurer dans la région, c'est-à-dire depuis que des étrangers portent un regard) : les villages ont l'électricité depuis quelques années seulement et les routes bitumées en sont à leurs prémices. Bref, avec une telle différence de niveau de vie, je pense que le terme le plus approprié est «minorité». Ce n'est pas que je veuille faire du politiquement correct, mais je pense que dans ce domaine plus que dans tout autre, les mots ont un sens.

Alors, ces minorités, parlons-en. Il nous a été quasiment impossible de communiquer avec elles autrement que par des gestes ou des sourires, à cause de cette foutue barrière linguistique. Par contre, nous avons pu admirer les parures des femmes qui descendaient les routes à pied pour se rendre aux marchés. Nous avons ainsi croisé des Thaïs blancs, des Thaïs noirs, des Thays, des Daos, des Hmongs noirs, verts, rouges, fleurs etc...

Chaque minorité assume avec fierté son héritage culturel en affichant sa différence de style. Les femmes Muong, qui ont des immenses rastas (qu'elles parviennent à remonter pour en faire des coiffes) et des tenues d'une excentricité à faire pâlir Jean-Paul Gaultier sont définitivement celles qui m'ont le plus impressionnées (n'ayons pas peur des mots, j'étais carrément béate !). Il se dégage d'eux une sorte de liberté revendiquée à la limite de l'insolence (liberté insolente, vous voyez le concept ?)

Nous aurions vraiment aimé pouvoir en savoir plus sur leur culture, leur philosophie, leurs légendes, mais sans interprète c'est impossible... Dommage !

Mais il n'y a pas que les styles de vie qui soient à couper le souffle dans le nord, il y a aussi les paysages sublimes, dont on ne peut pas se lasser, même sur 1 865 km parce qu'ils sont sans cesse différents et surprenants. Et puis avec les casques intégraux des motos, on voit tout défiler en 16/9 !

Bon, un trip pareil, ça n'a tellement rien à voir avec ce qu'on connait, que c'est aussi un trip difficile, avec de vrais chocs culturels. Parfois, on a juste envie de simplicité, de retrouver nos points de repères, mais ce n'est pas possible. Du coup, il faut se battre avec nous mêmes, continuer à rester curieux, être ouverts le plus souvent possible aux nouveautés, ne pas se braquer et profiter, quitte à tout se prendre dans la gueule et faire le tri après. Et puis après tout, si tout était toujours facile et prévisible, il n'y aurait pas de surprises (bonnes ou mauvaises)... On n'avance pas si on est toujours conforté dans ses idées. (T'as vu M'man comme j'ai grandi !)

Au rang des chocs culturels plutôt lourds (ELOIGNEZ LES ENFANTS DE CET ECRAN AVANT QU'IL NE SOIT TROP TARD) il y a le fait que les minorités mangent du chien (« thit cho » sur les pancartes des restos)... et pas qu'un peu. Combien de fois avons-nous vu dans les marchés des chiens entiers, du museau au bout de la queue, gisant sur les étalages, les yeux ouverts et les crocs en avant. Ou encore cet espèce de barbare qui faisait cuire un chien au chalumeau devant son restaurant (en nous adressant un aimable « Hello »), ou encore cette tête de vache décapitée, le haut du crane défoncé (pour prendre sa cervelle?), ou cette famille qui n'a rien trouvé de mieux que de découper un bœuf entier sur la route quand nous passions en moto (j'ai détourné les yeux après avoir vu la tête décapitée de dos au milieu de la route). Bref, de quoi vous faire devenir végétarien (pas seulement parce que ces scènes m'ont dégouttées, mais aussi parce que ça m'a fait m'interroger sur les abattoirs industriels en Europe ou aux USA qui sont tout autant à gerber).

Bref, le nord est une expérience unique et probablement enrichissante (nous n'avons pas encore assez de recul pour faire le tri).

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