On est à Baliiiiiiiiiiii !!!!!!! Ca, c'était ma première réaction quasi hystérique quand on est arrivés à l'aéroport. Mais finalement, j'ai pas mal déchanté : Bali, c'est mythique, donc c'est l'île la plus touristique au monde, avec tous les dérapages que le tourisme engendre. En gros, nous avons vécu 3 étapes à Bali.
1ere étape : Bali, c'est sublime
La nature est à la fois sauvage et maitrisée, les rizières (en terrasse) époustouflantes, il y a des fleurs partout ; les femmes sont belles, gracieuses, leurs vêtements sont raffinés ; il y a de l'art à profusion et tous les balinais y sont sensibles parce qu'ils peignent, sculptent, dansent, font de la musique depuis qu'ils sont tout petits... Bref, Bali surpasse sa réputation. Au début, j'ai ressenti de vraies émotions, comme par exemple au temple GOA GODJA où il y avait une cérémonie d'une semaine pour honorer l'arbre du temple qui commençait à faire ses premières fleurs de l'année... moi, ça m'a beaucoup touché qu'on fasse une cérémonie aussi longue juste pour un arbre qui bourgeonne. Et puis la musique (le GAMELAN, un espèce d'orchestre de xylophones au son feutré) m'a carrément coupé le souffle, on aurait dit une musique de film, simple et douce. Et puis partout dans les villes, il y a des statues des dieux taillées dans de la pierre noire, toutes très raffinées. Bref, j'étais sur un petit nuage. Je sentais bien qu'on nous sollicitait souvent, qu'on nous poussait à la consommation, mais bon, la beauté de l'île me permettait de faire complètement abstraction. Par contre, Yves commençait à devenir sérieusement nerveux...
2ème étape : les balinais sont tous des hypocrites
Là, ça a été une étape carrément crispante. La première étape de fascination totale étant passée, j'ai commencé à me rendre compte que tout le temps, c'est-à-dire tous les 10 mètres, on nous propose d'acheter quelque chose. Il y a soit le harcèlement des chauffeurs de taxi qui un a un (et même quand ils sont les uns à côté des autres) nous proposent de faire une course ; quand on arrive avec nos gros sacs à dos les rabatteurs se ruent sur nous pour nous proposer une guest house, et d'une manière limite agressive ; dès qu'on jette un œil sur un magasin, la vendeuse s'affole autour de nous et nous met un truc dans les mains... Bon, ce genre de trucs, passe encore, on dit non gentiment et puis c'est tout (au début, c'est avec un grand sourire, mais à la fin de la journée, ca devient un NON ! bien sec et bien crispé)... Mais là où ça devient carrément malsain, c'est quand un balinais vient nous voir en faisant mine de s'intéresser à nous (comment tu t'appelles, tu viens d'où, comment tu trouves Bali etc)... appâtés par le contact humain, on se laisse prendre à la gentillesse apparente... puis on s'aperçoit qu'ils ont quelque chose à nous vendre ("je suis un artiste, tu veux voir mes peintures ? Justement, je les ai avec moi") et puis quand on dit gentiment non, ils s'en vont furieux, en nous faisant bien comprendre qu'on aurait pu leur dire plus tôt qu'on ne voulait rien acheter, parce que là, on leur fait juste perdre leur temps. Dans les musts : le joli dépliant "découvrez Bali avec la carte VISA"' dispo dans toutes chambres d'hôtel un peu classes, ou encore, dans les temples, des personnes qui au début viennent nous aider à mettre notre SARONG parce qu'il est toujours mal mis, puis ils commencent à nous raconter l'histoire du temple et puis tout gentiment, ils s'arrêtent "si tu veux en savoir plus, donne moi de l'argent". Et dans tout ca, impossible d'avoir un contact désintéressé avec un balinais. Bref, grosse déception. Comment un peuple avec une culture aussi raffinée peut il être aussi vénal ?
3ème étape ; on se détend et on réfléchit
Le tout, c'est de comprendre comment on en est arrivé là... parce qu'un séjour où on se sent pris pour un dollar sur patte, c'est juste pas possible. La première chose à bien comprendre, c'est que si Bali semble une île luxueuse (bars branchouilles, piscines magnifiques dans toutes les guest houses), c'est un luxe qui ne s'adresse qu'aux touristes. On ne verra jamais un balinais dans un restau par exemple, pour la simple et bonne raison qu'ils n'en ont pas les moyens. Toute cette frustration crée un climat de jalousie. Il n'y a qu'à se balader dans les petits villages dans l'arrière pays, où les paysans vivent sans eau ni électricité pour s'en rendre compte. Mais cette réalité là, on ne s'en rend pas compte quand on est à Kuta ou à Ubud, ou quand on se balade à moto sans s'arrêter.
2ème chose, Bali est envahie par les touristes (et encore, on était en saison creuse, je n'ose même pas imaginer ce que ça doit être en juillet août!) et un touriste en vacances, il est là pour se faire plaisir... il ne tient pas compte du reste. On a vu de parfaits connards sauter sur de jolies musiciennes juste pour faire des photos avec elles, comme si les balinais n'étaient qu'un simple élément de décor... (Ca nous a rendu fous, ils ne sont même pas restés pour écouter la musique !)
3ème chose : les balinais ont beaucoup soufferts de la désertion des touristes suite aux attentats de 2002-2005 dans les boites de nuit de Kuta. Certains ont dû vendre tout ce qu'ils possédaient pour joindre les deux bouts et les personnes qui ne vivaient que du tourisme se sont retrouvés sans rien. Alors avec tout ça, on comprend mieux que certains balinais espèrent refaire fortune rapidement, et pour ça, il faut tout simplement nous pousser à la consommation.
Voyant bien que nous n'arrivions pas, à nous deux, à instaurer de rapports plus équilibrés avec les balinais, nous avons opté pour nous éloigner des endroits touristiques (c'est moins spectaculaire, mais beaucoup plus enrichissant), se lever tôt le matin, comme les balinais, vers 6h du mat (peu de touristes autour de nous, une lumière sublime, de vraies ambiances asiatiques), manger toujours dans le même petit restau au lieu de vouloir tous les tester : et là, on commence à passer de vrais bons moments. Prendre le BEMO par exemple (mini bus local pas très pratique parce qu'il faut faire plein de changements pour arriver à destination) nous a permis de voir le chauffeur s'arrêter au bord de la route pour que son véhicule soit béni, histoire de s'assurer un bonne journée.
Alors peut être qu'on n'a pas vu les endroits ''incontournables'', mais au moins, ça nous a permis de sentir un peut plus l'atmosphère de l'ile.