Apres diverses tergiversations dans l'Est du pays (Samaipata qui possede de belles ruines incas, Santa Cruz ou nous quittons Martin... qui semble-t-il partira ensuite dans la mauvaise direction, Villa Tunari ou il pleut des cordes puis notre tentative de remonter de la riviere bordee de jungle a partir de Villa Roel qui se soldera un echec cuisant : le delai d'attente du prochain bateau -entre 5 jours et 1 mois- nous a fait quitter les lieux aussi sec) nous decidons de faire simple et de nous rendre a La Paz. La Paz est une ville a part. Nous etions a la recherche d'un choc culturel depuis notre arrivee sur le continent, c'est ici que nous l'avons trouve. Pour commencer, La Paz est situe dans un decors pour le moins surrealiste. Coincee entre l'Altiplano, son climat sec, eprouvant et aride d'un cote et les sommets enneiges de la Cordillera Real de l'autre, cette ville se situe (a peu pres) au milieu de rien. A la difference de la plupart des villes de montagnes, La Paz n'est pas situee dans le creux d'une vallee paisible aux ressources abondantes ; au contraire, elle est construite sur les roches pentues de gorges impressionnantes, sur lesquelles les immeubles tentent desesperement de s'accrocher. Au plus haut, La Paz est a 4000 m d'altitude, ce qui en fait la capitale la plus haute du monde. Au plus bas, elle ne se positionne qu'a un modeste petit 3000 m... La ville s'etend entre ces deux mesures, ce qui donne qu'ici, aucune rue ne peut etre horizontale. Il faut sans cesse monter et descendre puis remonter et redescendre pour se rendre d'un point A a un point B. Et etant donne le manque d' oxygene a ces hauteurs, je peux vous assurer qu'on mesure a la loupe le detail de nos deplacements pour s'assurer de rationnaliser le moindre mouvement. Voilà pour le decors, qui donne a cette ville des horizons incomparables. La Paz est un laboratoire de curiosites : Le marche aux sorcieres, ou on peut trouver toutes les plantes, racines, fleurs, morceau de bois pour se concocter toutes les potions magiques les plus inventives, des autels en cire de toutes les formes pour diverses incantations, des foetus de lamas (les plus impressionnants mesurent plusieurs dizaines de centimetres et ont des poils. Ils sont ensuite enterres sous les fondations de nouvelles constructions -maisons, ponts, hotels- pour s'assurer de leur perrenite), des cactus de San Pedro, fortement hallucinogenes... et vomitifs parait-il, des soins corporels a base de coquille d'escargot (et surtout des cremes de jour) et autres trucs bizarre dont je ne soupconne pas encore l' utilite. Un matin, un homme cagoule (on peut juste entrevoir ses yeux) se precipite sur Yves et pointes ses pieds du doigt : c'est en fait un cireur de chaussure, parce qu'ici, les cireurs de chaussure, honteux de la bassesse de leur profession, portent la cagoule pour ne pas qu'on les reconnaisse. A nous d'assumer si on veut se faire cirer les pompes. La Paz est aussi le royaume de l'association de malfaiteurs : de faux policiers, associes a de faux taxis, associes a de faux touristes organisent des kidnapping de jolies jeunes touristes esseulees en echange d'une confortable rancon. Il ne fait pas bon se balader seule le soir dans les rues de La Paz... D'ailleurs, les rues se vident des la tombee de la nuit. La Paz, c'est aussi le lieu ou se dessine la nouvelle tendance des chollitas. Vous vous souvenez, je vous avais parle des « chollas », ces boliviennes qui portent le costume traditionnel. C'est ici, dans les rues aux nombreux marches, que se decident quelle sera la taille et la couleur des pompons pour s'attacher les tresses, le dessin des dentelles des jupons, la longueur des jupes, la forme des chaussures (toujours en plastique), la hauteur du chapeau melon et autres details qui feront que la chollita sera ou non tendance pour sa prochaine sortie. Apparemment, de plus en plus de jeunes femmes troquent leurs vieux jeans contre une belle jupe de velour et ses nombreux jupons. Un probleme de taille semble cependant plonger La Paz en emoi : le vol, sur les marches, des chapeaux melon pose sur la tete des demoiselles. Nous voilà bien dans un autre monde... Pour notre part, raz le bol de se faire des hotels sans charme, froid, sans salle de bain, pas toujours clean et sans etagere pour poser nos fringues. C'est ce que nous faisons depuis plus de 11 mois maintenant mais la, on en a super marre : nous ouvrons la porte, le coeur battant, d'un hotel 3 etoiles tout juste construit et nous nous installons confortablement devant la fenetre de notre chambre, qui a une vue imprenable sur la ville, ses gorges, ses lumieres. Nous restons ainsi ebahis un bon moment.
vendredi 1 août 2008
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