Apres diverses tergiversations dans l'Est du pays (Samaipata qui possede de belles ruines incas, Santa Cruz ou nous quittons Martin... qui semble-t-il partira ensuite dans la mauvaise direction, Villa Tunari ou il pleut des cordes puis notre tentative de remonter de la riviere bordee de jungle a partir de Villa Roel qui se soldera un echec cuisant : le delai d'attente du prochain bateau -entre 5 jours et 1 mois- nous a fait quitter les lieux aussi sec) nous decidons de faire simple et de nous rendre a La Paz. La Paz est une ville a part. Nous etions a la recherche d'un choc culturel depuis notre arrivee sur le continent, c'est ici que nous l'avons trouve. Pour commencer, La Paz est situe dans un decors pour le moins surrealiste. Coincee entre l'Altiplano, son climat sec, eprouvant et aride d'un cote et les sommets enneiges de la Cordillera Real de l'autre, cette ville se situe (a peu pres) au milieu de rien. A la difference de la plupart des villes de montagnes, La Paz n'est pas situee dans le creux d'une vallee paisible aux ressources abondantes ; au contraire, elle est construite sur les roches pentues de gorges impressionnantes, sur lesquelles les immeubles tentent desesperement de s'accrocher. Au plus haut, La Paz est a 4000 m d'altitude, ce qui en fait la capitale la plus haute du monde. Au plus bas, elle ne se positionne qu'a un modeste petit 3000 m... La ville s'etend entre ces deux mesures, ce qui donne qu'ici, aucune rue ne peut etre horizontale. Il faut sans cesse monter et descendre puis remonter et redescendre pour se rendre d'un point A a un point B. Et etant donne le manque d' oxygene a ces hauteurs, je peux vous assurer qu'on mesure a la loupe le detail de nos deplacements pour s'assurer de rationnaliser le moindre mouvement. Voilà pour le decors, qui donne a cette ville des horizons incomparables. La Paz est un laboratoire de curiosites : Le marche aux sorcieres, ou on peut trouver toutes les plantes, racines, fleurs, morceau de bois pour se concocter toutes les potions magiques les plus inventives, des autels en cire de toutes les formes pour diverses incantations, des foetus de lamas (les plus impressionnants mesurent plusieurs dizaines de centimetres et ont des poils. Ils sont ensuite enterres sous les fondations de nouvelles constructions -maisons, ponts, hotels- pour s'assurer de leur perrenite), des cactus de San Pedro, fortement hallucinogenes... et vomitifs parait-il, des soins corporels a base de coquille d'escargot (et surtout des cremes de jour) et autres trucs bizarre dont je ne soupconne pas encore l' utilite. Un matin, un homme cagoule (on peut juste entrevoir ses yeux) se precipite sur Yves et pointes ses pieds du doigt : c'est en fait un cireur de chaussure, parce qu'ici, les cireurs de chaussure, honteux de la bassesse de leur profession, portent la cagoule pour ne pas qu'on les reconnaisse. A nous d'assumer si on veut se faire cirer les pompes. La Paz est aussi le royaume de l'association de malfaiteurs : de faux policiers, associes a de faux taxis, associes a de faux touristes organisent des kidnapping de jolies jeunes touristes esseulees en echange d'une confortable rancon. Il ne fait pas bon se balader seule le soir dans les rues de La Paz... D'ailleurs, les rues se vident des la tombee de la nuit. La Paz, c'est aussi le lieu ou se dessine la nouvelle tendance des chollitas. Vous vous souvenez, je vous avais parle des « chollas », ces boliviennes qui portent le costume traditionnel. C'est ici, dans les rues aux nombreux marches, que se decident quelle sera la taille et la couleur des pompons pour s'attacher les tresses, le dessin des dentelles des jupons, la longueur des jupes, la forme des chaussures (toujours en plastique), la hauteur du chapeau melon et autres details qui feront que la chollita sera ou non tendance pour sa prochaine sortie. Apparemment, de plus en plus de jeunes femmes troquent leurs vieux jeans contre une belle jupe de velour et ses nombreux jupons. Un probleme de taille semble cependant plonger La Paz en emoi : le vol, sur les marches, des chapeaux melon pose sur la tete des demoiselles. Nous voilà bien dans un autre monde... Pour notre part, raz le bol de se faire des hotels sans charme, froid, sans salle de bain, pas toujours clean et sans etagere pour poser nos fringues. C'est ce que nous faisons depuis plus de 11 mois maintenant mais la, on en a super marre : nous ouvrons la porte, le coeur battant, d'un hotel 3 etoiles tout juste construit et nous nous installons confortablement devant la fenetre de notre chambre, qui a une vue imprenable sur la ville, ses gorges, ses lumieres. Nous restons ainsi ebahis un bon moment.
vendredi 1 août 2008
dimanche 15 juin 2008
Toutes nouvelles toutes fraiches...
...notre video de sandboard a San Pedro dans le nord du Chili !!
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...et notre video du nord de l'Argentine !!
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dimanche 8 juin 2008
SUCRE AMER
25 mai 2008. C'est notre premier jour a Sucre et nous nous reveillons sous les fanfares. Aujourd'hui, la ville fete l'anniversaire de sa premiere rebellion anti-coloniale (le « cri de la liberte »). Au programme : defile de corps professionnels a n'en plus finir, fanions aux couleurs de la region, percussions, cymbales, majorettes, uniformes...tout y est. Sur les trottoirs, les vendeuses de rue preparent des empanadas (casse-croutes), les gamins se promenent avec des ballons Spiderman gonfles a l'hélium, les representants politiques (les chefs des deux principaux partis) serrent les mains des innombrables spectateurs, tout en cherchant soigneusement a s'eviter pour ne pas avoir a se confronter. A leur passage, ils sont applaudis par la foule et suivis par les cameras. Tout ceci se deroule dans un decor superbe parce que Sucre, capitale constitutionnelle du pays, est une ville magnifique. Pour nous trois, c'est un grand moment d'insouciance. Nous avons l'impression d'etre au bon endroit au bon moment. Nous faisons meme un tour au Salon du Chocolat qui a ouvert ses portes. Les jours suivants, nous partagerons notre temps entre des ballades citadines et un suivi tres actifs des premiers matchs de Roland Garros, confortablement installes dans une chambre d'hotel kitchissime.
Mais un premier element nous met la puce a l'oreille. Sur un mur il est ecrit « Venez a Sucre vous vivrez le racisme colonial... ». C'est vrai que nous sommes dans une ville totalement coloniale (construite par les colons, pour les colons...qui finalement n'en sont jamais partis) comme toutes les villes du continent que nous avons visite jusqu'à present ; mais « racisme », le terme nous semblait un peu fort. Nous dechanterons quelques jours plus tard, lorsque Yves tombe par hasard sur un article repris par le site de Liberation qui raconte la journee du 25 mai : pendant les fanfares, sur la place de l'Independance (le symbole est fort !) un groupe de jeunes a humilie une delegation amérindienne venu soutenir le president Evo Morales en visite a Sucre pour annoncer des mesures sociales en leur faveur. Ces jeunes leur ont jete des pierres, les ont pris en otage, leur ont fait enlever le haut de leurs costumes traditionnels, ont brule les vetements, les drapeaux et les insignes, leur ont fait faire le tour de la place points lies, puis ils les ont fait s'agenouiller par terre en face de la « Casa de la Libertad », baiser le sol, manger des fientes de poulet puis les ont ruer de coups. PERSONNE NE S'EST INTERPOSE. Pendant ce temps, a l'entree de la ville, d'autres jeunes ont jete des pierres sur tous les amerindiens qui tentaient d'entrer dans la ville, femmes et enfants compris. Etant donne la fureur des opposants, Morales a prefere calmer les esprits et annuler sa visite.
Voilà ce qui s'est passe le 25 mai dernier a Sucre, pendant que nous dormions tranquillement a l'hotel, a moins que ca ne soit passe pendant que nous entamions une degustation de chocolat blanc. Cette histoire me rend folle !!! D'une part parce qu'elle me donne envie de vomir, mais aussi parce que nous n'avons rien vu. Comment avons nous pu passer a cote de ca !
Le jour meme a Sucre, les representants politiques continuaient a serrer les mains comme si de rien n'etait, comme si ce genre d'humiliation etait anecdotique. Le lendemain, le journal local « Correo del Sur » a fait sa une dessus (il semble que ce soit cet article qui est a l'origine d'une mobilisation pro-amerindienne dans les journaux europeens). Sinon, il y a bien eu une petite marche silencieuse de femmes qui militaient contre la violence conjugale et contre le racisme (comme si ce theme avait ete rajoute a la derniere minute) mais sans vraiment d'ampleur. Martin en a discute avec son prof d'espagnol qui s'est dit completement ecoeure par ce qui s'est passe, mais le racisme semble un sujet si tabou que personne n'ose se mobiliser.
Voilà comment on fete l'anniversaire de la rebellion anti-coloniale a Sucre : On humilie les peuples pre-hispaniques qui revendiquent leurs droits.
Mais remettons cet evenement dans son contexte parce qu'en realite, je crois que l'histoire evolue beaucoup en ce moment en Bolivie et pas dans le sens de l'extreme-droite.
La Bolivie est un pays globalement divise en deux, geographiquement et humainement. A l'Ouest, ce sont les Andes, les hautes montagnes avec des ressources pauvres et un climat defavorable. A l'Est, c'est d'abord la Pampa, terres cultivables et facilement accessibles, puis la jungle (qui est de plus en plus defrichee). A l'Ouest vivent les « amerindiens » (les peuples pre-hispaniques qui continuent de preserver leur culture, leurs vetements traditionnels et leur mode de vie) tandis qu'a l'Est vivent des Metis qui sont occidentalises et riches parce qu'ils habitent dans des regions plus developpees et moins enclavees. (Soyons clairs, je generalise pour que ce soit plus simple, mais la realite est sans doute beaucoup plus complexe.)
Les Metis et les quelques blancs (3% de la population) qui vivent en Bolivie ont toujours ete l'elite, ils ont toujours detenu le pouvoir politique et economique, tandis que les amerindiens (la majorite de la population) n'ont jamais ete vraiment entendus ni consideres.
En 2005, election historique : Evo Morales, un amerindien, est elu chef de l'etat. Socialiste, il veut une redistribution des richesses et multiplie les aides aux defavorises. Les riches de l'Est constatent qu'ils sont relayes en 2nd position et qu'ils payent pour les autres.
Le 4 mai dernier, la province de Santa Cruz, la region la plus riche du pays, se declare autonome apres avoir effectue un referendum (qui n'est pas reconnu par le gouvernement). « Ce n'est pas notre faute si nous sommes riches, alors debrouillez vous entre pauvres... », voilà pour l'etat d'esprit (pour les propos les plus courtois). De meme, le 1er juin dernier (soit quelques jours apres les actes racistes qui se sont deroules a Sucre) avait lieu le referundum pour la region de Sucre. Voilà le climat hyper tendu dans lequel se trouve aujourd'hui la Bolivie.
Pour plus d'infos (il semble que les medias en Europe n'en ai pas du tout parle), 3 articles
http://contrejournal.blogs.liberation.fr/mon_weblog/2008/05/devant-les-viol.html qui resume cette journee du 25 mai.
- http://www.legrandsoir.info/spip.php?article6713 qui fait une analyse de la situation des peuples pre-hispaniques en Amerique Latine.
http://www.ouest-france.fr/Bolivie-les-Indiens-face-a-la-fronde-des-Blancs-/re/actuDet/actu_3637-639280------_actu.html qui nous explique qui sont ces jeunes racistes.
Sur un ton beaucoup plus detendu, vous pouvez aussi voir le film "Quien Mato a la llamita Blanca" ("Who killed the white llama" en anglais), realise par le bolivien Rodrigo Bellott qui parle avec beaucoup d'humour des Collas (des Andes) et des Cambas (de la Pampa et de la jungle)... Nous avons l'impression d'avoir plus appris pendant ces 2 heures de film qu'en 3 semaines de voyage.
Voilà. Nous continuons notre route avec un goût amer. On essaye de mettre cet evenement de cote pour ne pas passer a cote des autres facettes de la Bolivie, mais ce n'est pas simple.
Est-ce que ce sont les derniers soubressauts d'une extreme droite qui sent le vent tourner ou au contraire, est-ce le debut d'une haine raciale qui ne demandait qu'a s'exprimer ?
L'ALTIPLANO ET LE SALAR D'UYUNI
Aller a San Pedro de Atacama, c'etait surtout l'occasion de prendre le train mythique qui traverse les hauts plateaux de l'Altiplano pour rejoindre la Bolivie. On s'imaginait deja se rendre sur les hauteurs, souffrir du froid et de l'altitude en se blottissant contre les autres passagers, faire des photos uniques du train traversant des paysages surrealistes, partager le quotidien des latinos sur un trajet de plus de 20h... Mais grosse deception arrives a San Pedro : la ligne Calama-Uyuni n'est plus qu'une ligne de fret ! Le passage de la frontiere, qui necessitait des heures et des heures d'attente a 5000m d'altitude a fini par l'emporter sur le mythe... Dommage. Il nous restait deux options : prendre 3 bus, se galerer a trouver des hotels, de la bouffe et tout le reste ou partir en expedition avec une agence, traverser l'Altiplano en 4x4 jusqu'au Salar d'Uyuni en se laissant trimbaler dans les plus beaux spots du coin... Nous avons courageusement choisi la 2eme solution.
Nous avons ainsi passe 3 jours dans des decors inimaginables : des lagunes de toutes les couleurs ou viennent s'approvisionner des flamands roses, d'immenses etendues desertiques perchees a plus de 4000 metres d'altitude ou viennent brouter quelques vigognes, sortes de lamas-biches sauvages (mais que broutent-elles au juste ? Ici, il n'y a que de la poussiere), quelques zorros aussi, sorte de petits renards a peine farouches ainsi qu'un animal etrange : tete de lapin, queue de rat mais avec plus de poils et qui saute comme un kangourou (nous l'avons donc tres justement appele le « ratinou »). Face a nous, des paysages qui semblent avoir inspires Dali (vous voyez les tableaux de montres molles dans les tons marrons ou d'elephants sur des echasses... ca vient d'ici !). Des arbres de pierre, des nuances de couleurs qui nous ont rendus accros, des ciels magiques, des geysers qui crachent de la pate grise et rouge, une source d'eau chaude (35 degres tout de meme) dans laquelle on se baigne allegrement. Traverser cette region (le Sud Lipez) est une experience fascinante.
Le dernier jour, nous arrivons au Salar d'Uyuni, immense desert de sel de plus de 2 000 km2. Au milieu, une ile bordee de cactus qui servait de lieu d'echange au temps des empires pre-hispaniques. La encore, le desert a perte de vue nous inspire quelques illusions d'optique... Nous appuyons sur les déclencheurs des appareils photos comme des fous.
Arrives a Uyuni : cette ville semble en partie abandonnee. Atmosphere peu engageante. Dans les rues, les boliviennes ont conserve leurs tenues traditionnelles : chapeau a la Chaplin, jupe plissee remontee sous je ne sais combien de jupons et toujours deux longues tresses noires dans le dos. Le costume traditionnel de cette region est sous le signe de la sphere et des lignes paralleles : chapon rond, visage rond, haut du corps tout en rondeur, tresses paralleles, jupe rebondissante et petites guiboles... C'est tout un art.
Quel bonheur de voyager dans des regions ou la culture occidentale ne semble avoir aucune prise. Quelle richesse lorsque les peuples ont conserve leurs traditions... La Bolivie m'ouvre de nouvelles perspectives photogeniques.
**Astuces**
Si vous aussi cette aventure vous tente, sachez qu'il y a plus de 80 agences a Uyuni et qu'elles ne sont pas toutes tres serieuses. Nous avons entendu je ne sais combien de fois des histoires de chauffeurs qui prennent le volant alors qu'ils sont saouls, qui ne se reveillent pas le matin ou encore des 4x4 qui tombent en panne au milieu de nulle part... Plus grave, au debut du mois de mai, deux voitures sont entrees en collision sur le salar. Bilan : 13 morts. Alors mieux vaut voyager avec une agence recommandee. Nous sommes passes par « Estrella del Sur » (l'etoile du Sud), agence qui a un bureau a San Pedro (Chili) et a Uyuni. Le 4x4 etait super bien entretenu, le chauffeur (Jose), d'un serieux irreprochable et d'une patience d'ange (on a pu s'arreter quand on voulait et faire de tres longues pauses photos).
En ce qui concerne l'hebergement, tout le monde, toutes agences confondues, est loge a la meme enseigne. La nuit dans l'hotel de Sel (du sel partout) est charmante mais on caille (il ne fait pas loin de 0 degre dans les chambres) tandis que la nuit pres de la Laguna Colorado est une aventure en soit (ne pas s'attendre a beaucoup dormir, le froid defi toute imagination).
Prevoir creme solaire, baume pour les levres et vetements tres chauds, mais aussi vetements legers pour la journee (plus de 20 degres au mois de mai). Et biensur, un maillot de bain.
SAN PEDRO DE ATACAMA, CHILI
Le 18 mai.
J'ai quitté Arica, les plages du pacifique, et les vagues de pélicans qui échouent sur les jetées du chantier naval, pour faire sécher leurs ailes au vent. J'ai quitté les vagues de l'océan, et les surfeurs Brésiliens, pour traverser le désert.
A San Pedro, 7 heures du matin, les routes du village sont poussiéreuses, le soleil est brulant, mais peine a rechauffer la ville. Je trouve l'Eden. L'hôtel Eden, soyons clairs. Ici c'est plutôt un village pour touristes. L'atmosphère n'est pas ordinaire. Les maisons sont basses, les voitures soulèvent la poussière, les gens marchent a l'ombre, la ou il fait froid, car au soleil on brûle. Mieux vaut être de passage.
16 heures.
Je suis assis dans le jardin de l'Eden, et je travaille mes cours d'espagnol. Je déplace ma chaise toutes les quinze minutes pour éviter le soleil qui me poursuit jusqu'au dessous du parasol quand Yves et Fannie déboulent, dans le jardin, avec leurs gros sac a dos. Un gros sur le dos et un petit sur le ventre, comme tous les mochileros (en Amérique du sud les porteurs de sacs a dos sont des mochileros).
Nous voilà donc a échanger sur le monde, dans le jardin de l'Eden, a San Pedro de Atacama, ville aux allures de far west, ou ne manquent que de virevoltants tumbleweeds pour nous convaincre d'acheter des colts et nous pousser au crime fratricide de tous ces touristes.
Ils ont l'air a peu prêt normaux nos baroudeurs, j'ai même l'impression de les avoir quittés hier. Leurs seules blessures visibles semblent être d'ordre capillaire, Fannie a malheureusement succombé a la haute coiffure Pekinoise, et Yves a malheureusement accepté de se faire couper les cheveux par Fannie. Pas de quoi en faire des empanadas. Sinon nos routards bien qu'un peu fatigués vont bien, ils ont acquis un certain goût pour le confort, et un paquet d'histoires.
Le lendemain on loue des vélos, des planches de surf, et on se taille dans la vallée de la mort. On gravit les dunes colossales, et on surfe, tombe, saute, chute, caracole, dégringole, on enlève le sable de nos chaussettes, on se dit qu'on est bien fatigues et que ca tombe mal car on a encore 35 km de désert a parcourir avec nos foutues planches sur le dos qui nous font mal et nous font ressembler a des libellules (selon Fannie). Alors on arrive dans la vallée de la lune, un peu trop tard, morts de fatigue mais on se réjouit des paysages. La nuit tombe, on prend des photos sur le lac de sel et on rentre au clair de lune. On dévale la montagne, comme des libellules, on use nos dernières forces. On se réveille a quatre heures du matin pour aller visiter les geysers du Tatio.
20 mai - six heures du mat - sommeil profond – dans le bus.
Une brusque secousse nous réveille. Des bruits de roues qui patinent. Le pare brise est givré, le chauffeur prie pour son emploi, le bus est planté dans le sable du bas coté. Un mètre de plus et on basculait dans le fossé.
On sort, un bus de passage s'arrête. Il y a trois places de libre. Sans se retourner sur nos compagnon de route on profite de la providence.
Le soleil se lève sur les 85 geysers du Tatio et nous régale de ses reflets dans les volutes de vapeurs blanches. Les vigognes se promènent paisiblement, les moins quinze degrés de la nuit se font oublier, on rentre heureux trois heures plus tard. On croise sur le bas coté les 17 compagnons d'une infortune dont nous fumes les seuls rescapés.
La suite de cette histoire revient a qui de droit, elle se déroule sur les routes de la Bolivie, dans l'Altiplano andin ou les vigognes paisibles paissent.
So long, Martin
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vendredi 30 mai 2008
LES ANDES ARGENTINES SI CA VOUS TENTE...
BIEN POUR
Les paysages dementiels, les bons steaks (fierte nationale : ici,le betail est toujours eleve en liberte), la fiesta.
PAR CONTRE
Ce n´est une zone pas tres interessante pour les sites pre-hispaniques (gros tas de ruines super retapees : on n'arrive pas a s'imaginer que des populations ont vecu sur ces sites, la magie n'opere pas).
L'Argentine est un immense pays, il faut donc beaucoup de temps si on veut tout voir (ou y revenir plusieurs fois). Nous nous sommes concentres sur la Cordilliere des Andes.
ADMINISTRATIF
– Pas besoin de visa pour les francais pour un sejour de moins de 90 jours
– Regime politique : un des rare pays du monde ou une femme a ete elue chef de l'etat. Grande avancee dans les mentalites me direz-vous, les latinos ne sont donc pas si machos ? Ca n'empeche pas quelques critiques viles et basses de fuser parmi les plus refractaires : Cristina Kirchner passerait plus de temps dans les magasins Vuiton que derriere son bureau.
– Economie : L'Argentine se releve a peine d'une grave crise financiere. Carlos Menem, grand megalomane, a voulu faire du pesos argentin une monnaie forte équivalente au dollar americain. Le probleme : les produits argentins ne s'exportaient plus parce qu'ils etaient trop chers et les argentins ne pouvaient plus rien acheter a cause de l'inflation. Beaucoup de societes se sont retrouvees ruinees et ont arrete de payer les salaries. Beaucoup de banque qui occupaient de magnifiques batiments ont fermees et sont devenues des centres culturels.
Aujourd'hui, la crise est freinee et le pays tente de retrouver son niveau de vie d'avant 2001. Quand on se balade dans les rues des villes, on sent que c'est un pays riche (toutes les infrastructures sont en place) qui est devenu pauvre et qui redevient riche (c'est bizarre).
SANTE
– pas de vaccin obligatoire
– pas de paludisme
– pas de fievre jaune
CLIMAT
En mai, c'est l'automne : les feuilles commencent a tomber, la temperature en journee est tres agreable (on est en tee-shirt) mais des que le soleil disparaît, on caille (on se retrouve en doudoune). La Cordilliere des Andes explique cette forte amplitude entre le jour et la nuit.
MONEY MONEY MONEY
- Devise : Pesos argentin (qui s'ecrit $)
- Taux de change : 1E = 4,9 $AR
- Logement : En Argentine comme dans le reste de l'Amerique Latine en general, on peut trouver des « Hostels » qui sont l'equivalent de nos auberges de jeunesse. Le gros avantage, c'est qu'il y a une cuisine a disposition ce qui permet de faire des repas orgiaques (entree, plat, dessert, vin) pour pas trop cher. Par contre, ce sont souvent des ambiances de gros fetards et il est parfaois super agreable de quitter les Hostels pour se reposer un peu (les hotels ne coutent pas forcement plus chers que les hostels).
Enfin, nous avons constate qu'en general, les chambres doubles coutent le prix de 2 lits en dortoirs.
70 $AR pour une chambre double
- Repas : 50 $AR a deux (sans vin)
Si vous etes a Mendoza, une tres bonne et belle adresse (WIFI Zone) : Anna Bistro, av Juan B Justo 161. Le plat du jour n'est pas cher.
TRANSPORTS
- Pas de train en Argentine
- Du coup, les bus sont encore plus confortables que les trains en Europe : sieges inclinables et moelleux, plein d'espace pour les jambes, films, plateaux repas (du petit dej au diner). Bref, vous dormirez comme des anges...
Si vous prenez le bus de Santiago (Chili) a Mendoza (Argentine) : vous traversez les Andes, c'est un paysage surrealiste qu'il serait dommage de faire de nuit (prenez une place a la droite du bus).
- Les autoroutes sont parfaites. Par contre, entre Salta et la frontiere bolivienne, certaines routes sont vraiment pourraves. Si vous vous baladez en voiture de location, renseignez-vous bien avant sur l'etat des routes parce que certaines ne sont accessibles qu'en 4x4.
- La voiture de location par excellence est la Volkswagen GOL. C'est la moins cher et elle va presque partout parce qu'elle est un peu surelevee. Miefiez-vous des petites agences qui proposent des prix defiants toute concurrence : elles ont souvent de vieilles bagnoles qui tombent en panne.
Pour vous donner une idee, nous avons loue une GOL pour 7 jours et 2000 km pour 800 $AR chez Europcar (les grosses boites font souvent de grosses promos et ont des voitures fiables). Le permis international, officiellement obligatoire, ne nous a jamais ete demande, ni par Europcar, ni par les policiers des nombreux barages routiers (au pire, ils nous demandent notre passeport). Par contre toutes les agences de Salta exigent que vous ayez une carte bleue.
- Moto : elles sont rares et pour cause, quand on est a plus de 3000m d'altitude, ca caille.
- Les avions internes sont tres chers.
CA VA MIEUX EN L'DISANT
Pas d'equivoque : en Argentine, peu de gens parlent anglais. Dans les villes, on trouve souvent des profs d'anglais qui donnent des cours d'espagnol aux voyageurs (a Buenos Aires, Mendoza, Salta pour sur). Pour vous donner une idee, nous avons paye 500 $AR chacun pour 20h de cours particuliers (voir le post « Mendoza, Hablamos Espanol »).
Les argentins sont charmes quand vous tentez de parler espagnol : ils font tout leur possible pour comprendre votre charabia inaudible et vous repondent lentement en articulant au maximum. C'est parfait pour se sentir a l'aise dans une langue.
NIGHT LIFE
On n'a pas teste, mais ca a l'air grandiose, surtout a Mendoza. Buenos Aires est apparemment le lieu de tous les exces...
TECHNIQUE
- Internet : partout, sauf dans les petits villages recules au nord de Salta.
WIFI dans certains cafes.
- Prises electriques : Pas besoin d'adaptateur.
Pour acceder a nos photos de l´Argentine en plein cadre, cliquez ici
LES ANDES DU NORD DE L'ARGENTINE : MYSTERES GEOLOGIQUES ET COULEURS PSYCHEDELIQUES
Nous avions deja traverse les Andes une premiere fois, pour passer de Santiago a Mendoza : le paysage etait magique, unique, incroyable... Nous ne voulions donc pas perdre une minute de plus a Mendoza. Nous avons squizze la route des vins, les sites incas et les musees de la ville pour sauter dans le premier bus venu, direction Salta.
Salta est une ville bourree de charmes : batiments coloniaux, eglises surchargees immenses ou regne une dramaturgie larmoyante, plantes tropicales et surtout, un joyeux bordel. Du monde partout, dans tous les sens, des marches cacophoniques, des enseignes vieillottes et de nouveaux visages. En un claquement de doigts, on s'est senti dans une autre Argentine. Le depaysement opere enfin. Quelle joie de se balader dans les rues de la ville, se fondre dans la foule, devenir a nouveau anonymes, observateurs.
Mais nous ne nous arretons pas la. Le but de notre venue dans le nord est de louer une voiture pour partir dans les Andes. Nous nous mettons en action : on a une carte detaillee de la region, une bagnole pas trop mal et les derniers conseils de voyageurs qui nous indiquent les endroits ou les touristes vont rarement.
On commence par le nord de Salta. Le temps est maussade, il fait gris... puis on passe par une vallee etrange, dans laquelle les nuages se stoppent d'un coup pour laisser place a un soleil ardent... magie meteorologique ! On passe la « palette des peintres », montagnes ou se superposent toutes les nuances de couleurs, du blanc au rose, comme une coulee de lave pastelle horizontale.
Nous continuons. Prochaine etape, Iruya, petit village perche sur les hauteurs. Pour y acceder, on quitte l'autoroute pour de la piste cabossee. On traverse des rivieres, des villages (ou les chiens courrent vers notre voiture pour croquer les pneux... c'est dire si les voitures passent souvent par ici). Les habitants sont de plus en plus types, les costumes deviennent traditionnels. On passe un col a 4 000m, le ciel devient d'un bleu intense, les montagnes prennent d'autres couleurs.
Iruya : village charmant mais un peu austere. De 20h a 21h, tout s'arrete : c'est l'heure de la messe...
Le lendemain, la brume a envahit toute la vallee, on ne voit pas a 3 metres. On reprend la route qui monte, on traverse la mer de nuages et a nouveau, le ciel d'un bleu insolent et le soleil ardent.
Cap sur le nord, pres de la frontiere bolivienne. On traverse encore des paysages dignes de cartes postales a chaque virages. On longe le Rio Grande : petit filet d'eau ridicule mais au debit affole.
Nos premiers lamas traversent la route. Au debut, on s'arrete, on leur parle, on les photographie comme des stars... Par la suite, on en croisera tellement que nous n'y preterons plus aucune attention. Apres une route de tole ondulee nous arrivons a la Laguna Portezuelo. Nous sommes a plus de 4 000m d'altitude : il y a du vent, il fait froid, la lagune n'est pas aussi belle qu'on nous l'avait promis... On repart, mais cette fois-ci avec une auto-stopeuse en costume traditionnel. Elle enchaine quelques phrases en espagnol, on arrive a peu pres a la comprendre... Ravie d'avoir affaire a des etrangers, elle nous apprend le nom de tous les animaux qu'on croise.
On redescend vers les Salinas Grandes, les plus grandes salines d'Argentine. Le ciel est bleu electrique, le sol est blanc immacule... la lumiere nous brule les yeux.
Nous partons vers San Antonio de los Cobres : nous ne sommes plus dans les montagnes mais sur un immense plateau. A cote de nous, de mini tornades naissent et meurrent aussitôt. Yves, epuise, me passe le volant... La route est dingue : personne a l'horizon, c'est un chemin de terre et de sable. Je me surprends a prendre un pied monumental a conduire : c'est une des premieres fois ou je n'ai plus peur au volant. J'accelere comme une furie, je freine, je passe les vitesse comme Fangio. Dans le sable, la voiture chasse, je m'en sors comme une reine. Derriere nous, un enorme nuage de poussiere. Je trace, je me lache, Yves s'accroche.
Cap encore plus au sud : Cachi (la route 40 entre San Antonio et Cachi n'est praticable qu'en 4x4... nous devrons donc passer par Salta). Nous passons de hauts cols pour nous retouver face a une route bitumee toute droite de 14 km... Toujours personne a l'horizon... la vitesse est limitee a 30 km/h a cause des lamas qui pourraient inopinement surgir sur la route. Comme toujours a ces hauteurs, le ciel est electrique... Ca nous inspire, on fait des photos de nous en train de sauter en l'air (effet garantit avec un tel decors).
Cachi : villages pour riches touristes. Joli, super retape, on se sent dans un decors de cinema en toc.
Nous pointons sur Cafayete. Encore une route stimulante. Je m'installe au volant, le claque la porte, reglage de retro, ceinture... et hop c'est parti. Au volant, je ne me reconnais pas, je fonce. Mais ou est donc passee cette parisienne flippee qui ne passe pas la 4eme ? Je double d'autres voitures avec finesse et dexterite, je klaxonne nonchalamment, j'accelere encore et encore. Hysterie. Yves s' accroche toujours, encore plus crispe que la veille.
Les paysages sont a nouveau magiques. On passe a travers des montagnes psychedeliques, inimaginables. A Cafayete, on dort d'un sommeil de plomb.
Le lendemain, on fini notre circuit en beaute en passant par la Quebrada de las Conchas, joyau geologique. La route bitumee a ete construite dans les gorges, la ou passait une riviere aujourd'hui assechee. A la tombee du jour, la lumiere donne une teinte rouge aux paroies, la lune fait son apparition. Cliche photographique.
On retourne sur Salta, completement emballes. OK, nous n'aurons pas rencontre beaucoup d'argentins (a part les nombreux auto-stopeurs, mais notre niveau d'espagnol ne nous permet pas encore d'entamer de vraies discussions). Par contre, on a le sentiment de s'etre completement laches et d'avoir vu du Grandiose. C'est peut etre comme ca finalement que ca se prend l' Argentine : on n'est plus vraiment tourne vers les autres comme on peut l'etre en Asie, on abandonne toute pudeur pour se concentrer sur soit.
Notre prochaine etape consistera maintenant a nous rendre a San Pedro de Atacama, au Chili (nous traverserons encore les Andes) pour retrouver Martin. Martin est arrive il y a quelques semaines au Perou. Sans projet vraiment motivant en France, il a decide de partir a la decouverte de l'Amerique Latine et qui sait, peut-etre s'y installer quelques mois. Nous ferons donc un petit bout de chemin ensemble, a San Pedro puis surtout en Bolivie.